Le mot du fondateur (novembre 2020)

La saison 2019/2020 avait bien débuté, accompagnée de souvenirs rapportés d’un bel été de vacances, et pour certains d’entre nous, accompagnée de ceux des plaisirs de la pratique estivale de nos Arts, y compris même de celle du Kendo.

La pratique dans nos dojos nous offre le plaisir de l’échange technique, physique et mental avec nos partenaires, ainsi que celui de la convivialité qui nous unit dans ces moments-là.
L’ensemble nous apporte ce lien social, source d’harmonie et de paix, tellement vital à l’espèce humaine.

Mais voilà ! Déjà en mars 2020 tout avait basculé dans les conséquences d’une terrible agression, de l’invisible et de l’impalpable, perpétrée par le virus la « Covid 19 ».

A propos de ce virus et de ses conséquences dans la vie de tous et de tous les jours, vous trouverez dans les pages de la présente Lettre (ndlr : lettre du CERA n°42) un propos médical de très haute qualité, rédigé par Docteur Ludovic Strozyk, enseignant d’Aïkibudo et médecin du Comité Fédéral Aïkibudo FFAAA.
Son propos nous éclaire sur bien des points et rappelle les mesures de sécurité sanitaire qu’il convient, dans le respect de la santé de chacun, d’appliquer avec rigueur mais aussi avec discernement.

Ces gestes barrières et cette distance de sécurité sont des valeurs fondamentales de l’Aïkibudo. En effet, on peut associer les premiers à «zenshin» (la vigilance en toute circonstance) et la seconde à «ma» (espace de sécurité) associé au zenshin, qui induit dans le cas de ce virus et par prévention, la préservation de notre espace vital, et donc de notre intégrité physique. Le danger n’est pas le virus mais son porteur «l’Humain».

Dans son éditorial le Président Jean-Marc Papadacci vous présente le contenu de ce numéro de la Lettre du CERA (ndlr : lettre du CERA n°42). Je m’associe à lui pour remercier tous les auteurs qui ont contribué à son élaboration et à son enrichissement.

Mes pensées vont aussi vers nos amis disparus cette année. Ces disparitions m’attristent profondément, et je partage la douleur de leurs proches et de leurs amis.
Des nouvelles réjouissantes aussi, comme la validation du grade de 8ème dan d’Alain Roinel ainsi que la médaille d’or de Paul-Patrick Harmant ; je leur adresse avec grand plaisir et toute mon amitié, toutes mes félicitations !

En cette fin d’année, période traditionnelle de voeux, je souhaite que ce douloureux moment d’inquiétude sanitaire se termine, et que nous puissions commencer à vivre normalement une année de pratique dans le plaisir que nous offrent nos Arts !

Les enfants et l’Aïkibudo

« L’Aïkibudo est une école de vie dont le contenu est de nature à participer à l’édification d’un adulte apte à s’adapter au monde dans lequel l’enfant devra vivre. La pratique de notre art requiert de la persévérance, de la remise en question, de la discipline. Il enseigne le partage, le respect, l’acceptation de l’autre. » : ainsi s’exprimait Maître Alain Floquet en parlant des vertus éducatives de l’Aïkibudo.*

démonstration enfants au Maroc

Notre art, tout comme l’Aïkido ou le Kinomichi, demande en effet beaucoup de travail et d’opiniâtreté, ce qui est de nature à participer à la formation d’un enfant. L’Aïkibudo est une école de vie, dans laquelle les enfants trouvent le goût de l’effort, de l’humilité, dans des séquences où le partenaire participe à sa propre progression. Le partage et le respect de l’autre sont indispensables pour franchir les étapes. C’est en cela que l’Aïkibudo concourt à la formation d’un être tolérant, respectueux et disponible.

À l’inverse, les enfants nous renvoient par leurs émotions, leur joie et leur fierté de pratiquer, un immense bonheur. Animer un cours enfant est pour le professeur une tâche loin d’être évidente. Tous les professeurs de cours enfants ont en commun des qualités de patience, de bienveillance et de tolérance. Il faut à la fois allier les mêmes règles strictes du Reijiki que celles des adultes et en même temps laisser l’aspect ludique de la pratique pouvoir s’exprimer pleinement.

Le salut installe le calme et la concentration. L’échauffement peut très bien être le même que celui des adultes, en insistant sur les exercices de coordination et de latéralisation, mais en excluant les activités de musculation, abdominaux ou tractions.

Vient ensuite l’apprentissage des techniques, c’est un moment très attendu ! La douceur et la souplesse sont ici de rigueur. La mission pédagogique du professeur est déterminante, car les capacités de reproduction sont souvent limitées. En décomposant phase par phase, l’enfant peut ainsi évoluer aisément de l’attaque à la chute en étant toujours fortement encadré et dirigé.

En fin de cours, des katas historiques, comme Happoken kata ou Tsuki Uchi no kata, trouvent parfaitement leur place.

Les enfants ont besoin d’être valorisés et encouragés, aussi n’oublions pas de créer des situations de démonstrations, au cours desquelles le professeur insistera, par des félicitations, sur les aspects positifs de la prestation.

« Pour un enseignant, il n’est d’égal bonheur que celui d’un enfant qui, venant à sa rencontre, s’avance, hésitant, tenant dans sa main un papier plié, une enveloppe ou encore un petit paquet, que l’enfant lui tend timidement. Les yeux grands ouverts, l’enfant voir jaillir sur le visage de son professeur un éclair de bonheur à l’instant où il ouvre le présent. Ce regard innocent est, à cet instant, de joie et de fierté. Son ÊTRE déborde d’intenses émotions, celle d’exister, celle d’échanger de la reconnaissance, celle de produire de l’affection, d’être reconnu. Il EST. »*

Nous avons la chance d’avoir en France et à travers le monde un grand nombre de clubs enfants, où, sous l’initiative de professeurs dynamiques, investis et créatifs, stages et démonstrations sont souvent proposés au cours de la saison. La joie, les rires, la gaité qui émanent d’un dojo sont des moments d’intense bonheur, sachant que tout cela est toujours accompagné du plus grand sérieux et de la meilleure application.

À l’issue d’un stage enfant, notre ami Dominique Blanc-Pain** déclarait : « Le sourire qui illumine leur visage est le plus beau des remerciements, la plus belle récompense ! ».

Ces enfants représentent notre avenir, et le devoir des Yudansha est d’assurer la transmission de notre art ; transmission technique bien sûr, mais aussi historique et éthique ! Nos valeurs de partage et de fraternité doivent participer à l’édification d’un monde meilleur et d’un monde en Paix.

Pour aller plus loin, nous avons à la disposition des professeurs un recueil de jeux à proposer lors d’une séance d’entraînement. Ce livret élaboré par Daniel Bensimhon, Président de la commission enfant, se décompose en quatre catégories : jeux de coopération, d’opposition, de combat et de relaxation.

De plus, le programme de référence : « Progression technique pour enfants », élaboré par Maître Floquet, permet de conduire les enfants (comme les jeunes débutants) du 6ème au 1er kyu.

*Lettre du CERA n° 34

**Dominique Blanc-Pain, organisateur et animateur de stages enfants en Île-de-France, disparu en 2019.