Quand le Budô japonais franchit les frontières
En 1951, Mochizuki Minoru partit pour l’Europe dans le cadre d’une mission culturelle officielle. La veille de son départ, le Maître Uéshiba lui dit : » Cette nuit, j’ai rêvé d’un messager qui partait répandre mon Budo en Europe. Aujourd’hui je sais que c’est toi, je t’attendais « .
Il en fut ainsi. En 1951, le Maître Mochizuki Minoru fit découvrir en Europe l’art de son Maître sous le nom d’Aïkido-jujutsu, ainsi que le Karaté et l’Art du sabre de l’école Katori Shinto ryu. Il y demeura 3 ans.
A la demande de Maître Mochizuki, Uéshiba Morihei délégua en France, pour y enseigner à plein temps l’Aïkido Moderne, un jeune professeur, Abé Tadashi, dont la pratique était encore très proche du style ancien.
A son retour au Japon, le maître Mochizuki reçut au Yoseikan, pendant 3 ans, un jeune judoka français, Jim Alcheik, qu’il forma notamment à l’Aïkido-jujutsu.
En 1956, Maître Mochizuki publia, avec Jim Alcheik, un livre intitulé Ma méthode d’Aïkido-JuJutsu, qu’on appela quelques années plus tard, en France, l’Aïkido-Yoseikan. En fait, il s’agissait toujours de l’Aïkijujutsu des années 1930 du Maître Ueshiba, que Mochizuki Minoru avait enrichi de la pratique du sabre de l’école Katori Shinto ryu et de sa grande maîtrise du Judo (notamment l’intégration des sutemi de Mifuné Kyuzo Sensei), tout cela avec le plein accord de Maître Ueshiba.
Le développement de l’Aïkido Yoseikan en France
Dès son retour du Japon, en 1957, Jim Alcheik fut chargé de représenter en France et en Europe l’Aikido-jujutsu du Yoseikan. De 1957 à 1958, il fut assisté d’une importante délégation du Yoseikan composée des maîtres : Sugiyama S., Kondo M., Murakami T. et Mochizuki H. Il créa la Fédération Française d’Aikido-Taijutsu (nom qu’il trouva meilleur que Aikido-Jujutsu) et de Kendo (F.F.A.T.K.).
Malheureusement pour le Budo européen, Jim Alcheik décéda en 1962, victime d’un attentat lié aux évènements d’Algérie. Cette fin tragique devait être la conséquence d’une scission à l’intérieur de la fédération et Alain Floquet, assistant de Jim Alcheik au dojo de l’Avenue Parmentier, technicien fédéral, plus jeune 2e dan de France à cette époque et absent de France au moment de ces faits, informa le Maître Mochizuki des évènements et de ses craintes concernant l’avenir de l’Aikido-Jujutsu en France.
Répondant à cette inquiétude et soucieux d’assurer la poursuite de l’œuvre commencée par Jim Alcheik, le Maître Mochizuki délégua en France, en 1963, son fils Hiroo qui venait de terminer ses études. Tout naturellement Alain Floquet lui céda sa place de professeur du Club Parmentier et resta à ses côtés comme professeur-assistant.
En 1964, la Fédération Française d’Aikido-Taijutsu (F.F.A.T.K.) et la Fédération Française d’Aikido issue du Maître Abe (F.F.A.B.) se regroupèrent au sein de la Fédération Française de Judo (F.F.J.D.A.) pour y créer la section Aïkido, chacune des deux fédérations conservant son indépendance technique.
En 1966, Alain Floquet fut nommé, par le Maître Hiroo Mochizuki, Directeur Technique de l’École Aïkido-Yoseikan pour la France.